Lorsque le cinéma est devenu parlant, il est aussi devenu sonore, créant du coup une nouvelle discipline. Pourtant, les étapes de la post-production sonore restent encore méconnues. Je ferai donc un tour d’horizon de celles-ci, en plus de vous offrir quelques conseils pratiques pour améliorer la conception sonore de vos films.
Conception sonore 101
Qu’entend-on au juste par « conception sonore »? L’objectif de la prise de son est de capter les dialogues des acteurs avec le moins de bruits parasites possibles; la musique est une toute autre discipline. La conception sonore vient donc remplir le reste de l’espace sonore, des ambiances d’arrière-plan aux sons d’objets spécifiques. C’est en quelque sorte la direction artistique de ce qui s’entend dans un film.
La chaîne de post-production complète se divise en cinq étapes principales:
- le montage des dialogues (ou du son direct), où les sons enregistrés sur le plateau sont récupérés, nettoyés et réorganisés;
- le montage des effets sonores, où sont sélectionnés et assemblés les éléments qui constitueront les ambiances d’arrière-plan et plusieurs sons spécifiques comme les impacts, les voitures et autres;
- la post-synchro, où le dialogue qui ne peut être récupéré du son direct pour diverses raisons est refait en studio, les acteurs se doublant eux-mêmes;
- le bruitage, qui reproduit en studio des sons très particuliers comme les mouvements, les manipulations et les pas des personnages à l’écran, soit pour pallier à la perte du son direct lors de la post-synchro, ou pour enrichir ce qui est déjà présent dans le direct;
- le mixage, étape finale durant laquelle tous ces éléments sont combinés avec la musique en un tout harmonieux, et les dernières touches (effets, filtres, reverb) sont appliquées.
La conception sonore d’un kino
Quand on réalise un kino, les moyens sont modestes. En Kabaret, le temps file! Quelles devraient être vos priorités par rapport à la conception sonore? D’abord, faire l’effort d’obtenir une excellente prise de son de plateau évite d’avoir des problèmes à corriger en post-production et permet de maximiser le temps dévoué à la créativité. L’étape la plus payante est sans aucun doute le montage sonore. C’est l’étape la plus simple à mettre à l’échelle de vos moyens, et si tous vos éléments sonores sont en place et toutes vos idées exprimées, même un mixage très approximatif peut passer comme une lettre à la poste.
C’est donc une bonne idée de penser conception sonore le plus tôt possible dans le processus, et préparer l’acquisition des effets sonores dès la pré-production. Dépouillez votre scénario pour déterminer ce dont vous aurez besoin. Quels sons allez-vous enregistrer vous-mêmes et pour lesquels vous tournerez-vous vers les banques pré-enregistrées? Quels sons libres utiles pouvez-vous enregistrer sur le plateau? Ne confondez pas room tone et ambiances; le room tone vous servira à boucher les trous dans votre son direct, mais les ambiances sont des sons à usage créatif qui font toute la différence pour insuffler de la vie à une scène. Si le montage image doit être bouclé avant que le montage sonore en tant que tel ne prenne place, toute cette démarche préparatoire peut se dérouler en parallèle du tournage et du montage.
Un outil indispensable
Le son devrait faire partie intégrante du coffre à outil de tout bon cinéaste. Il peut ajouter du sensationnel à un film d’action, ou créer l’atmosphère d’un drame contemplatif. En fait, une conception sonore aboutie, c’est souvent le petit je-ne-sais-quoi qui donne plus de tonus à un film par rapport à un autre. Un sage a dit que le son compte pour 50% de l’expérience au cinéma. Ne faites pas les choses à moitié!
Pour un exemple de l’impact du travail de conception sonore, vous pouvez écouter le petit vidéo suivant :
Vous voulez en savoir plus? Une excellente ressource: http://soundworkscollection.com