Après les excès du temps des fêtes, nous avions rendez-vous au chic Théâtre Rialto pour la première projektion de l’année 2014. Charles-Louis Thibault, notre hôte pour la soirée nous a rapidement expliqué que, cette année, la projektion de janvier n’était pas un brunch comme l’année dernière mais une soirée habituelle. Par contre, il avait en main un paquet de bacon à donner à la personne qui aurait été nostalgique de cette formule.
Charles-Louis nous a souligné que c’était la dernière soirée mensuelle où « Kino 014 » allait être utilisé à la fin d’un générique d’un kino puisqu’à partir du mois suivant c’est « Kino 015 » qui allait être utilisé pour les films présentés en soirée mensuelle.
Séquence 06
À la fois carnet de voyage intimiste et documentaire du quotidien, le premier film de la soirée nous a amené sur l’île de Madagascar. David Dufresne-Denis s’y trouvait en avril dernier dans le cadre d’un kabaret. Il nous a expliqué que ce kabaret faisait partie des efforts depuis huit ans pour développer là-bas un cinéma local.
Il était présent sur place avec des membres d’autres cellules kinoïtes, principalement européennes, qui devaient encadrer des équipes locales dans la réalisation de courts métrages. David s’est retrouvé dans un petit village à amener des petits groupes à s’interroger sur ce qu’ils voulaient exprimer dans leur film car il s’était, d’ailleurs, vite rendu compte qu’il n’avait pas tant de choses à leur montrer coté manipulation informatique.
Tout ce travail ne lui avait pas laissé tellement de temps pour travailler sur son film à lui. Bien qu’il avait capté des images sur place, elles traînaient sur son disque dur depuis son retour au pays. Il a décidé de monter un film à partir de ces petites vignettes où on peut y voir un musicien jouer d’un instrument exotique, un jeune homme qui parle de ses aspirations à devenir acteur, une mise en situation où des jeunes hommes disent des vulgarités au passage d’une femme et bien d’autres moments. Le titre de son film provenait du nom d’un des fichiers à partir desquels il a travaillé: Séquence 06.
Avant de quitter la scène, David en a profité pour parler des soirées de projections de documentaires qu’il organise au bar Les Pas Sages. Elles sont habituellement composées d’un court métrage et d’un moyen métrage, suivi d’une discussion. Le but de ces soirées est de faire circuler ce genre de petites œuvres. David a invité tous les réalisateurs intéressés à le contacter pour faire partie de la programmation d’une prochaine soirée.
Je t’aime à la folie
Charles-Louis a semblé un peu gêné de demander à Ian Morissette ce qui l’avait amené à réaliser son deuxième film régulier, Je t’aime à la folie. On y voit une histoire sombre d’un homme qui va très loin pour prouver son amour à sa conjointe. En fait, Ian avait eu un flash par rapport à une certaine vision de l’amour, ce qui lui avait inspiré cette histoire tordue. Le titre faisait référence à deux aspects du film. Étant donné le côté sombre de ce film, puis de son premier qu’il avait présenté auparavant dans une soirée mensuelle, Ian a quand même rassuré Charles-Louis que tout allait bien dans sa vie.
Tu ne peux pas dire à une poule de pondre des œufs carrés

David Émond-Ferrat est venu présenter le film qu’il a réalisé au kabaret de Montréal en 2012. Dans Tu ne peux pas dire à une poule de pondre des œufs carrés une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux et un jeune homme timide se rapprochent sur fond de règlements de compte entre gangsters.
Charles-Louis lui a souligné que ses films contenaient souvent des effets spéciaux alors que dans celui-ci, il y en avait beaucoup moins. David lui a expliqué que ce film avait été réalisé dans la soirée où tous les films avaient eu la même contrainte: Le lieu de tournage leur avait été imposé.
Dans son cas, il avait dû tourner dans un gym de boxe. David n’ayant pas réellement d’intérêt envers la boxe, il s’était alors inspiré de ce qui pourrait entourer le gym. Il était attiré par l’esthétique des films de Guy Ritchie comme Snatch avec des gangsters crades de Liverpool. Il s’était aussi lancé comme défi pour ce film d’accorder plus d’importance aux dialogues. Il a bien aimé développer ce début d’histoire d’amour possible avec un personnage féminin étant assez distant au départ mais qui finit par se laisser aller.
Attraper le son
Lors du dernier kabaret de Montréal, une nouvelle formule a été ajoutée à la programmation principale: N’importe quelle personne pouvait présenter un film de trente secondes réalisé au kabaret à une de ses projektions et le public pouvait voter pour le meilleur. Vincent Campbell et Stevan Jobert ont présenté une version remaniée de leur petit flash comique, Attraper le son, faisant référence à la transition du cinéma muet au parlant, tourné au kabaret dans ces circonstances. Sur scène, ils nous ont raconté la blague qui a été utilisée à un moment précis du tournage et que je ne crois vraiment pas nécessaire de reproduire ici.
Tantrique
Lors du kabaret de Montréal en 2012, la trame musicale du film Tantrique de Jules Saulnier avait été interprétée par le groupe Dumas, en direct, pendant sa projection. Nous avons pu voir une nouvelle version de ce film. L’histoire reste la même soit un cambrioleur pris en flagrant délit par une famille, disons spéciale, qui allait tenter de le ramener sur le droit chemin.
Jules avait gardé quelques extraits de l’interprétation de Dumas mais il avait ajouté d’autres extraits musicaux pour le satisfaire. C’était une expérience intéressante pour lui car il avait réduit les dialogues au minimum pour laisser plus de place à la musique. Il avait aussi exploré l’idée de raconter une histoire par petites vignettes mais il n’était toujours pas en mesure de pouvoir dire quel était le « message » qu’on devrait tirer du film.
Quinze ans de Kino
Charles-Louis nous a rappelé qu’étant donné les débuts de Kino en 1999, 2014 est l’occasion de célébrer les quinze ans de Kino. Une soirée spéciale était en préparation pour le prochain mois. Les détails allaient nous être transmis dans peu de temps.
Défi : Film corporatif
Les réalisateurs doivent souvent produire à contre-coeur des films corporatifs pour payer les factures. Mais ce mois-ci, ils avaient la possibilité d’en faire un par plaisir. Nous avons reçu huit films décrivant des situations d’affaires assez variées comme:
- SOS Neige : Un service de déneigement à caractère caritatif
- Le garage :Une journée dans un garage
- A-Men : Un savon à tendance religieuse
- Pizzeria Corpo : Un service de livraison très sérieux
- Al-tron : Un service rétro-futuriste
- Crème reverse : Une crème anti-âge très efficace
- Super corpo : L’enregistrement d’une entrevue qui prend un tournant tout à fait imprévu.
Mais c’est le vidéo Ma poule bio sur les mœurs dans un bureau-poulailler à une époque rétro parallèle qui a permis à Catherine Villeminot et Tiphaine DeReyer de remporter le défi mensuel pour une troisième fois consécutive. Charles-Louis, en plus de leur remettre des coupons de bière comme récompense comme d’habitude, leur a remis le paquet de bacon qu’il avait au début de la soirée.
Trouville: Six portraits précis
Tourné en noir et blanc au kabaret de Trouville-sur-Mer, en France, au mois de septembre dernier, le film Trouville: Six portraits précis de Jesse Malcolm Sweet nous a permis d’accompagner un couple qui s’engueule et des amis qui l’entourent. Charles-Louis lui fait remarquer les similitudes de son film avec le style Nouvelle Vague. Jesse ne s’est pas caché qu’il a voulu faire un film vraiment français et que c’était pour lui un exercice de style. Dans ses films précédents il avait tâté le film de science-fiction et le film d’horreur mais il avait voulu essayer un autre genre. C’est une des choses qu’il aimait de Kino, cette possibilité de jouer avec les genres, ce laboratoire de création.
Perceptio
Une petite fable reliant la première rencontre d’un couple sur un banc de parc et les moments que peuvent capturer un appareil photo. C’était ce qu’évoquait le dernier film de Geneviève Sauvé, Perceptio. Geneviève a travaillé pour la première fois avec un scénariste alors qu’auparavant elle écrivait les histoires qu’elle réalisait. Elle a apprécié n’agir que comme réalisatrice et ça lui a permis de mieux délimiter le travail de scénariste et de réalisateur. Après cette collaboration fructueuse, elle voudrait travailler avec un monteur pour son prochain projet car jusqu’à présent elle montait elle-même ses films. Elle a donc lancé un appel à toutes les personnes intéressées à une telle collaboration.
Ming Ming
Deuxième film que Simon Beaupré a réalisé au premier kabaret kino de Shanghai à l’automne dernier, Ming Ming suit le quotidien d’une jeune fille qui a des problèmes depuis qu’un petit singe en peluche s’est attaché à elle. Simon a trouvé l’expérience de ce premier kabaret asiatique vraiment trippante de par les rencontres qu’il a pu y faire.
Il a aussi expliqué qu’il avait acheté le petit singe en peluche qu’on voyait dans le film, dans une vente de garage. Il avait eu l’intention de l’utiliser dans la réalisation d’un film mais l’occasion ne s’était pas encore présentée. Il l’avait amené dans ses bagages pour Shanghai sans savoir encore comment il allait s’en servir. Et finalement, il a pu réaliser ce film qui contenait une petite touche d’effets spéciaux, ce qui ne devrait surprendre personne qui connait déjà Simon
Fausses bandes-annonces
Charles-Louis a invité Carnior, réalisateur connu originairement de la défunte cellule Kino de Québec à monter sur scène. Carnior mentionne qu’il était réellement content de voir qu’après 15 ans, il y avait toujours autant de monde qui assistait aux soirées mensuelles de Kino.
Il nous a raconté que lors de sa fréquentation de soirées de projections de courts métrage, il avait eu l’occasion de voir quelques bandes-annonces de films qui n’allaient jamais être réalisés. Il a pu en accumuler suffisament pour organiser une soirée composée entièrement de ces fausses bandes-annonces. Cette soirée a eu tellement de succès qu’il a pu en faire une programmation itinérante, nommée soirées Trailers, présentée à plusieurs endroits dont au festival SPASM.
De nouvelles fausses bandes-annonces avaient été suffisamment récoltées au cours du temps qu’il était en préparation de la 4e édition des soirées Trailers. Une soirée Trailers comportait habituellement environ trente fausses bandes-annonce. Il nous a présenté celle qui annonçait la soirée ainsi que trois exemples ayant fait partie de ce programme :
- Trouville : Un film-catastrophe tourné à Trouville-sur-Mer
- Kalashnipot : Un film qui combine les mésaventures de consommateurs réguliers de marijuana (à la Cheech et Chong) et une invasion militaire soviétique.
- Le pêcheur et le ver : Un film d’auteur où un jeune homme sans bras tente de vaincre l’adversité au sein du monde de la pêche.
Après avoir vu les fausses bandes-annonces, Charles-Louis, de retour sur scène avec Carnior, nous a annoncé le prochain défi lancé aux réalisateurs: Une fausse bande-annonce. En plus de gagner la faveur du public, le film gagnant allait se mériter une place dans le programme de la prochaine soirée Trailers. Par ailleurs, Carnior allait être présent lors du vote et allait se réserver la possibilité d’un choix supplémentaire pour le programme de sa soirée. Comme la soirée de février allait être spéciale, la détermination du ou des gagnants allait avoir lieu à la soirée mensuelle de mars. Ça allait laisser deux mois pour réaliser ce défi.
Prochain rendez-vous : La soirée spéciale quinzième anniversaire de Kino le 7 février.
Crédit photos : Thomas Dandres